Béju : Le Sculpteur Breton Derrière Dudali, Entre Bretagne et FlorideNous sommes ravis de partager une nouvelle histoire dans notre série Breizh Amerika Profiles, mettant en lumière des individus qui tissent des liens entre les États-Unis et la Bretagne. Aujourd'hui, nous vous présentons Béju, un artiste sculpteur dont le parcours est marqué par une profonde connexion à ses racines bretonnes et une aventure créative en Floride. Connu pour son personnage unique, Dudali, Béju combine avec brio l'ancien et le nouveau monde à travers son art. Lisez la suite pour découvrir notre interview avec Béju, qui incarne parfaitement cette fusion transatlantique. Parlez-nous de vous? Bonjour à tous. Béju pour vous servir, artiste sculpteur créateur du personnage Dudali. Béju, quel drôle de nom ? Lorsqu'on se prénomme Bertrand et qu'on émigre aux US on a vite fait d'abandonner l'espoir que son nom soit prononcé correctement. Le jour où j'ai entendu "Bert" j'ai dit hors de question de répondre à l'homonyme d'un son venu du fin fond des entrailles. J'ai donc choisi de combiner la première syllabe de mon prénom avec la première de mon nom de famille. Breton d'origine malgré une naissance à Cognac base aérienne 709, au gré des mutations de mon père pilote de l'armée de l'air, je partage aujourd'hui mon temps entre Palm Beach et la presqu'île de Quiberon ou j'ai racheté la maison familiale à mes frères et sœurs à la suite du décès de mes parents. Et pourquoi avez-vous décidé d'aller aux USA ? Avant tout par opportunisme, curiosité et un goût certain pour l'aventure, alors que j'étais très bien en Bretagne. Entre les âges de 15 et 19 ans, j'ai vécu sur une base américaine de l'OTAN en Italie, encore une mutation de mon père, j'avais rencontré deux américains de mon âge qui étaient devenus mes amis, en 1996 ils m'ont proposé de racheter avec eux l'entreprise de leur père, six mois plus tard je débarquai en Floride avec un visa de touriste et les $30.000 empruntés à mes beaux-parents. Encore six mois plus tard et allégé d'un bon paquet de dollars payé à un avocat j'obtins un visa H1B que je fis renouveler puis transformer en carte verte, que les USA m'octroyèrent 7 ans après mon arrivée aux pays ; le jour où je l'ai découverte dans ma boite à lettres, j'en ai pleuré d'émotion car cela faisait un an et demi que je n'avais plus le droit de quitter le pays sous peine d'annuler ma demande. Vous auriez dû voir la tête de l'officier d'immigration quand je suis allé faire valider ma carte verte sur mon passeport et que je lui dis en plaisantant : "I am so glad to no longer be a prisoner of the land of freedom." Qu'est-ce qui vous a inspiré à devenir artiste ? C'est une longue histoire, mais tout a commencé relativement tard puisque c'est à 27 ans que je me suis découvert des talents de sculpteur sur bois. Sans aucune formation alors que je réparais une console du 19eme abîmée pendant le débarquement de 1944 chez mes grands-parents. J'ai entrepris de sculpter avec mon canif un petit bouquet de fleurs qui manquait, dans un morceau de chêne trouvé à la cave. Le résultat a bluffé tout le monde y compris mon père qui m'offrit mon premier jeu de gouges. Venant à peine de quitter les chasseurs alpins après cinq ans de service et sans idée claire pour mon avenir, je me lançai corps et âme dans cette nouvelle activité, tant et si bien qu'un an plus tard je participais à ma première exposition à Chicago. J'y ai vendu toutes mes sculptures, ai pris des commandes et suis rentré en France riche comme jamais, au printemps 85 le dollar valait 10 francs alors que la moyenne courante était aux environs de 5 francs. Qu'est-ce que cela signifie pour vous d'être Breton ? L'air du large. Avant tout une identité, appartenir à une communauté dont les racines se perdent dans la nuit des temps. Une culture dont les vestiges de quelque 8.000 ans ornent encore fièrement nos paysages, des faciès fiers et solides, une langue propre, une musique et des danses uniques, une résilience et un goût du voyage hors du commun. La marée basse et son odeur de varech, les bigorneaux qui déterminés arpentent les rochers, les couteaux qui s'enfoncent brusquement dans le sable à notre approche, le sable fin dont la couleur varie d'une plage à l'autre, les vagues monumentales qui se brisent sur les rochers de granite couvrant d'écume épaisse les plages de la Côte Sauvage, les cyprès déformés par les vents d'ouest, des terres respectées, une pluie fine qui ne gêne que celui qui ne la comprend pas. Sans oublier tous les sports qu'offre l’océan : le surf, le ski nautique, la plongée, la voile, il y a deux ans j'ai traversé l'Atlantique de Quiberon à la Martinique en catamaran. Et surtout, contre, ou plutôt avec "vents et marées" une volonté farouche du Breton d'entretenir tous ces joyaux. "La Terre n'est que la banlieue de la Bretagne". Comment avez-vous décidé de partager votre temps entre la Floride et le Morbihan ? Selon l'humeur du moment, la direction et la force des vents, puis mes projets artistiques. Quels sont vos prochains projets artistiques ? Mes créations artistiques rythment ma vie. Il y a dix ans j'ai mis de côté la sculpture sur bois pour créer un personnage humain avec de simples tubes de plomberie. Le but était de décrire des interactions humaines à l'observateur par le biais du langage corporel. Aujourd'hui, grâce à des recherches approfondies et de plus en plus minutieuses, Dudali est capable d'exprimer des sentiments. A l'origine mon personnage s'appelait "Alley Dude" parce que le premier que j'avais réalisé avait été exposé dans une allée (alleyway) à West Palm Beach. Quelques mois plus tard, l'entreprise Sanitec de Tours me commandait une sculpture à placer devant leur usine. La question récurrente était devenue : mais que veut dire "Ali doude" ? J'ai compris qu'il était urgent de lui trouver un nouveau nom. Après avoir griffonné quelques mots sur un brouillon, les mots Alley Dude ont couru dans ma tête jusqu'à devenir une "purée" homogène : AlleyDude, allidoude alidoude- dalidoudali.. Dudali... mais c'est bien sûr...!!! Dudali. Coup de bol incroyable www.Dudali.com était toujours disponible j'en ai donc acheté la plupart des extensions, puis il y a 8 ans j'ai fait déposer la marque Dudali. Depuis, Dudali se donne un petit ® de grands. Je viens de finir un livre en français qui explique mon cheminement d'artiste et la vie de mon personnage Dudali. Pour l'acquérir, il suffit de chercher "Dudali, la simplicité feinte" sur Amazon.fr ou bien Amazon.com selon que vous soyez en France ou aux US. Il me reste à le traduire en anglais pour mon audience anglophone, puis en espagnol. Pour l'avenir proche, en dehors de multiples projets pour des particuliers, je suis en pourparlers pour en réaliser un de taille avec un promoteur immobilier de la ville de Sarasota en Floride qui a apprécié mes œuvres monumentales à West Palm Beach. Aussi, suite à celle qui s’y trouve alors que je vous parle, je prépare une deuxième sculpture pour l'exposition "Les jardins insolites de la presqu'île de Quiberon" pour la saison prochaine de 2025; retour aux sources en quelques sortes... Pour me rencontrer, rien de plus simple, que ce soit à Quiberon ou à West Palm Beach le jour où vous voyez une Citroën 2CV fourgonnette beige vous pourrez me dire bonjour, que ce soit ici ou là-bas je suis le seul à en conduire une. A bientôt. Dudali, si c'était facile je ne le ferais pas.
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Tangi Colombel : acteur, écrivain, chanteurBREIZH AMERIKA PROFILES | Tangi Colombel Nous racontons les histoires de membres qui tissent des liens entre les USA et la Bretagne. Tangi Colombel vit en Floride. Il nous raconte son histoire d'expatrié, son nouveau livre et ses futurs projets. Quel est votre lien avec la Bretagne. Je suis né à Pontivy, et j’ai grandi à Loudéac dans les Côtes d’Armor. J’ai ensuite fait des études à l’université de Rennes II avant de partir à Paris pour suivre des cours de théâtre au Cours Simon. Je retourne tous les étés du côté de Saint Brieuc pour retrouver ma famille qui y habite encore. Pourquoi avez-vous choisi de vous installer en Floride ? Par amour, y a-t-il de meilleure raison ? Quels ont été certains de vos défis lorsque vous êtes arrivé en Amérique ? J’ai dû réapprendre une nouvelle langue. Ils ne parlaient ni breton, ni gallo ! Blague à part, j’ai souhaité continuer la carrière d’acteur et de chanteur que j’avais à Paris, il a fallu bien sûr améliorer mon anglais mais surtout recréer un réseau de professionnel sans lequel un artiste ne peut pas travailler (agent, directeur de casting etc.). J’ai eu énormément de chance à vrai dire, et je n’ai pas eu le sentiment de me retrouver face à des murs infranchissables. J’ai commencé par des cours de théâtre en anglais et ma première audition a été la bonne. J’ai décroché l’un des quatre rôles principaux dans le musical « Jacques Brel is alive and well and living in Paris ». Un carton, des Awards, d’excellentes critiques, ma carrière était lancée. Parlez-nous de votre carrière et de votre nouveau livre. Cela fait maintenant 20 ans que je vis à Palm Beach et la chance ne m’a jamais quitté. Je n’ai pas cessé de monter sur scène pour du théâtre (Dangerous liaisons, Le peignoir aux alouettes), des musicals (Fiddler on the roof, The fantasticks), de tourner des films (Bienvenue à bord, Step Up revolution), des séries télévisées (Netflix, CBS, Sony, NBC) des publicités (Sprite, NC Lottery), et tout ça en français, anglais et espagnol. J’ai également eu le plaisir de tourner aux quatre coins du monde avec mon cabaret de chansons françaises « Pardon my French ». Privé, comme beaucoup d’artistes, de mon moyen d’expression pour cause de pandémie, je me suis plongé à corps perdu dans l’écriture afin de laisser ma créativité s’exprimer. Et ce qui n’avait démarré que comme un simple passe-temps, s’est transformé en véritable passion. « La Saint-tous-là » est mon premier roman, fruit de deux années de travail et de plaisir. En voici le résumé : Maurice Loiseau se retrouve au chômage après le dépôt de bilan de l’entreprise familiale au début des années 80. C’est le choc pour toute la famille, comme nous le raconte Tangi, notamment pour ses trois sœurs et lui qui hériteront alors d’un apprenti père au foyer. Au sein d’un environnement familial contraint par le lourd handicap d’Emmanuelle, la cadette, chacun à son niveau fera de son mieux pour contribuer à redresser la barre. Dans cette famille aimante aux parents catholiques pratiquants tirant sans cesse le diable par la queue, mais également soixante-huitards aux doutes mécréants, on ouvre volontiers la porte, la huche et les cœurs à tous les nécessiteux de mondes parfois interlopes, malgré l’adversité. On tente de vivre selon les valeurs profondes auxquelles on croit. De tentative de formation en rebondissement, de projets ambitieux en porte de sortie inattendue, la smala vivra une épopée, une aventure humaine hors du commun. La Saint Tous Là est un récit touchant, pétri d’humanité. C’est parfois triste quand la vie ne fait pas de cadeaux. C’est souvent drôle quand les enfants, joueurs impénitents, tentent de la déchiffrer de leur regard tout neuf. Depuis les traditions bretonnes des villages d’Armorique aux croyances innombrables – spiritisme, loups-garous… – jusqu’aux rêves de star de la lointaine Amérique, Tangi se trace son chemin… Qu’est-ce qui vous manque le plus en Bretagne ? Ma famille évidemment. Et plus j’avance en âge, plus elle me manque. Et au-delà de ça, l’idée même de la Bretagne, son identité, ses valeurs. Sans parler de ses paysages et de ses villes. J’en parle dans le livre, j’ai passé beaucoup d’été à Saint Cast et je me vois très bien acheter un pied-à-terre là-bas pour les étés. De manière à avoir un pied sur chaque continent. Les français/bretons que je rencontre partagent tous un peu ce rêve-là. BREIZH AMERIKA PROFILES va a la rencontre de Bretons expatries a travers les Etats-Unis et de Bretons en Bretagne ayant un lien économique avec les USA. Pour participer écrivez-nous a [email protected] Gwendal Gauthier (44 ans, originaire de Saint-Lunaire) est le fondateur du Courrier de Floride, le seul journal local français aux Etats-Unis, créé en 2013 à Miami. BREIZH-AMERIKA : Quel est votre parcours avant d’arriver aux Etats-Unis ? GWENDAL GAUTHIER : J’ai été essentiellement journaliste dans la presse locale, puis responsable d’éditions dans le même domaine journalistique, un peu partout en France, mais quasiment pas en Bretagne ! B-A : Et vous n’avez jamais pensé lancer un journal en France (ou en Bretagne !) avant de partir aux Etats-Unis ? G.G : Si, bien sûr. Ce n’est pas évident en France pour la presse en général. La presse quotidienne régionale va mal, et même presse hebdo locale se porte mieux, le climat n’est pas facile. Ma femme étant américaine… nous avons décidé de nous installer là-bas. Le journal était monté avant même mon arrivée… c’est vous dire la différence de climat. B-A : Mais c’était plus facile, vous aviez un marché vierge à Miami, sans concurrence !? G.G : C’est vrai. D’un autre côté, c’était tout de même une aventure, car à ma connaissance il n’y a pas de journaux locaux français à exister hors de France. Je mets un petit bémol : Le Courrier de Floride n’est pas uniquement Français, nous nous adressons aussi aux autres communautés francophones de Floride, qui comptent d’ailleurs plus de membres que la notre ; en particulier les Haïtiens et les Québécois. Mais le journal est dans « l’esprit » de la presse locale française. B-A : Et les Bretons de Floride sont-ils organisés ? G.G : Absolument pas… et pourtant nous sommes nombreux ! La présence francophone est en constante croissance à Miami, et nos structures se développent à grande vitesse. Le soleil, la mer, la proximité de la côte Est avec l’Europe, mais surtout les prix et les taxes qui y sont inférieurs au reste des USA : la Floride attire beaucoup les Européens en général et elle est de plus en plus identifiée pour cela. D’ailleurs, la France vient de devenir le premier pays Européen à intégrer le « top10 » des partenaires commerciaux de la Floride (voir article). Donc, oui, les structures se développent, la présence française aussi… mais personne n’a encore eu l’idée de monter le « cercle celtique de Floride ». Gageons que ça ne va pas tarder !! B-A : Et qu’est ce qui vous manque le plus dans votre expatriation ? G.G : La falaise, les vagues, et la galette-saucisse ! Heureusement, un restaurateur parisien de Miami a ramené avec lui une planche à palets : on va pouvoir se faire des parties ! B-A : C’est vous qui avez publié un livre sur des histoires de sorcelleries dans le Trégor !? G.G : Oui, j’avais trouvé de nombreuses pièces sur cette histoire de Saint-Yves-de-Vérité, et je pensais qu’il était important de les écrire pour qu’elles ne soient pas oubliées. Elles expliquent bien des choses sur le caractère et la culture bretonne, et soulignent de nombreux points communs avec nos cousins Irlandais. En librairie on trouve beaucoup de légendes éditées sur « la Bretagne mystérieuse », mais la différence avec cette histoire de Saint-Yves-de-Vérité c’est qu’il s’agit d’une histoire vraie, celle d’une statue qui a été invoquée durant des siècles (jusqu’au XXème) pour faire mourir ses ennemis. Plus d'information sur le Le Courrier de Floride : http://courrierdefloride.com
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